Nouveau départ

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Parfois j’aimerais que le temps n’existe pas. Bientôt j’aurai 42 ans ce qui en soi, bien sûr, ne veut pas dire grand-chose. Ma vie matérielle est précaire, heureusement ma vie amoureuse est un phare.
J’ai tenté vingt fois (peut-être cent) de m’élancer dans le vide, d’avoir suffisamment confiance en moi pour affronter mes doutes et dépasser mes imperfections. Jusqu’à maintenant, je savais que je n’étais pas prêt. Aujourd’hui, je le suis. Prêt à quoi exactement ? À assumer qui je suis, pleinement, totalement, sans plus aucune concession ni compromis, de manière intégrale. Assumer de m’exprimer et de vivre librement, d’être radicalement moi. Enfin !
Par nature, je pars dans tous les sens, je bouillonne, je foisonne, j’alterne ; je n’approfondis pas nécessairement mais j’explore, je relie, j’associe, je construis, je détruis aussi, jamais pour nuire, toujours par soucis de vérité, d’authenticité, de précision. Et j’avance, j’avance…
Je crée, j’avance, j’explore. Désormais, je vais partager mes mouvements de pensée avec vous, mes découvertes, mes inventions, mes surprises et mes doutes aussi. Je vais m’exposer, c’est-à-dire prendre des risques…
Pour autant, je n’ai aucune idée de qui pourra bien être intéressé par autant d’inconstance apparente (sorte de tendance à la turbulence), bien que j’aimerais voir, personnellement et plus positivement, dans ce mouvement perpétuel, de l’abondance, du foisonnement, de la multitude ou plus encore de la luxuriance. Quoiqu’il en soit, il est bon de vous dire que je me suis toujours senti à l’étroit dans notre monde. Je n’y ai jamais vraiment trouvé de place, sans doute parce qu’il n’y en avait pas pour moi avant que je ne la crée.
C’est un monde, disons-le franchement, qui dans sa globalité, ne me plait pas ; plus précisément, le problème vient du fait que je ne partage pas les valeurs cardinales et les peurs de cette société humaine prédatrice et violente à organisation pyramidale. Par exemple, l’argent a toujours été secondaire pour moi. C’est un instrument qui doit le rester (d’ailleurs un article à paraître vous expliquera les choix que j’ai fait concernant mon mode de rétribution). Un instrument est au service, il ne doit pas avilir celui qui s’en sert (c’est un principe très bien défendu par la communauté du logiciel libre et qui essaime).
L’autopromotion érigée en condition sine qua non de la réussite, la notion même de réussite, la concurrence comme arme de division, l’autoritarisme larvé et hypocrite, le cynisme des puissants autoproclamés, la politique des avantages socle des inégalités, l’inconscience et l’irresponsabilité face au défi écologique, le matérialisme ambiant et écrasant, l’opacité entretenue, la loi du plus fort, la rentabilité, la croissance à tout crin, le progrès à tout prix, la manipulation systématique, l’attrait de la nouveauté perpétuelle et tant d’autres ”vertus” du néo-libéralisme provoquent en moi un rejet sans équivoque (que j’essayais jusque-là vainement de réprimer) ainsi que toutes les peurs associées à ses déséquilibres orchestrés (la peur de manquer, de ne pas être à la hauteur, la dépendance affective, la fièvre accumulatrice, l’insécurité alimentée, la peur de la transparence, de ne pas être aimé, la peur panique de la mort, etc.). Tout cela sans compter les conséquences désastreuses sur les individus, sur leur intimité, sur notre environnement, sur nos écosystèmes. Il y a trop à dire mais pour résumer nous sommes dans l’urgence absolue d’engager des changements profonds et radicaux. Sortir de la société dite de consommation, répartir les richesses de manière juste, s’ouvrir à une éducation émancipatrice, à une culture foisonnante, à des échanges francs et denses, à une spiritualité libre et épanouie sont désormais des nécessités. Il est impératif de promouvoir le libre arbitre de chacun et de soutenir les alternatives susceptibles de nous faire avancer ensemble vers plus de cohérence , plus de réalisme et plus de magie.
Ce que je défends est puissamment sous-tendu par l’amour, la solidarité, l’égalité, la liberté, la vérité, l’ouverture d’esprit, la coopération, le respect, l’écoute… Souvent ce sont de grands principes couverts d’éloges mais bafoués par le plus grand nombre aussi bien à l’échelle individuelle que collective. La spiritualité aussi je l’assume désormais comme un pilier majeur de mon existence. La vie ne peut qu’être avant tout spirituelle. Comment vivre sans se confronter à cet insondable et incroyable mystère qu’est la vie ? Sans tenter d’y apporter des réponses, ses réponses intimes et personnelles ? La vie n’a pour moi que ce sens. Tout n’est que nourriture pour comprendre : mes sensations, mes réflexions, mes expériences, mes actes.
D’actes il est d’ailleurs question désormais. Le silence que je me suis imposé n’a plus lieu d’être mais il m’a été d’une grande utilité : j’ai pu m’y trouver. Des actes donc, il y en a un dès aujourd’hui. Je vais commencer par respecter ce que j’écrivais à juste titre dans le sOnneur baObabique n°1 (30 novembre 2016) : toutes mes créations sont et resteront définitivement libres d’accès sous la licence Creative Commons (BY, NC, SA), c’est-à-dire que vous pouvez partager et adapter toutes mes créations tant que vous n’en faites pas un usage commercial, à la condition de me nommer comme auteur et de diffuser votre travail avec la même licence.
Le deuxième acte est une annonce d’importance pour moi. Le sOnneur du scripteur reparaîtra bientôt sous le titre de sOnneur à deux têtes. En effet, il s’ouvre amoureusement à Julie mon épastrouillante fiancée et désormais acolyte ! La parution du sOnneur suivra le rythme de notre production et nos fantaisies.
Troisième acte, je publierai bientôt une nouvelle inédite sur laquelle je travaille depuis plusieurs semaines. Et bien d’autres choses se préparent dont je vous entretiendrai en temps voulu !
Voici pour finir et pour résumer quelques lignes encore afin de préciser clairement mes objectifs. En premier lieu, je tiens à m’exonérer d’un système qui ne me correspond pas, et par mon action conjointe à beaucoup d’autres, arriver à infléchir le système dominant voire à le changer (nous sommes proches d’un point de rupture). Ensuite, donner un écho plus important à ma façon de voir et de vivre qui me semble totalement en accord avec les réalités matérielles et spirituelles de notre monde (et que je ne suis heureusement pas seul à porter). Agir en symbiose. Et enfin entamer consciemment un chemin pour atteindre un ailleurs que je pourrais nommer l’ici et maintenant.
Mais concrètement, je ne sais pas où tout cela me mène. Dans le dédale de l’inconnu ? Dans un labyrinthe constellé de symboles ? Dans un espace aussi vaste que la conscience ? Je ne le sais pas mais je m’y engage avec un enthousiasme débordant et une totale confiance.
Si ma démarche et les fruits qui en naissent vous plaisent et vous transforment, voici quelques moyens de me soutenir : me lire, faire un don ponctuel ou régulier (des précisions sont à venir), me diffuser et parler de mes créations autour de vous et bien sûr partager avec moi !
À très bientôt pour toutes les suites à venir.

Les instruments du hasard

Qu’on lance un dé, qu’on tire une carte, qu’on ouvre un livre à l’aveugle ou qu’on éventre un lapin ;
Qu’on scrute le vol des oiseaux, qu’on jette une pièce ou bien trois ;
Qu’on lise dans le fond de sa tasse, dans le creux de sa main ou au rythme d’un pendule ;
tout mène aux signes. L’intuition nous l’avons, pourtant, ces indices recherchés génèrent un faisceau de certitudes qui appuie l’orientation d’une idée, conforte l’intensité d’un ressenti, structure une décision ou provoque un passage à l’acte.
Tout est déjà là, certainement, en puissance, mais nous préférons à un moment propice au dévoilement, user de ces instruments que nous offre le hasard afin de mieux lire en nous.

Un texte sur le visage

Lire un texte sur le visage de quelqu’un, ce n’est pas facile car au cours de la lecture les expressions du visage changent et modifient le sens et le mouvement du texte.
Il faut savoir suivre chaque trait, chaque regard, le plissement des lèvres et celui des yeux ; il faut sentir les modulations du souffle ; s’imprégner tout entier dans cette figure qui nous inspire, onduler avec elle, suivre et générer la moindre de ses émotions.

Je pense aux clés

En ce moment, je pense beaucoup aux clés. C’est peut-être symptomatique de la période que je vis actuellement et qui est propice aux déblocages.
Mais de quoi est constituée une clef (j’aime cette double orthographe) ? D’apparence, elle est souvent d’un seul tenant. Cependant, lors de son usage, elle se divise distinctement en deux parties. La première disparaît dans la serrure tandis que la seconde reste serrée entre les doigts de l’utilisateur. Puis, par un habile mouvement du poignet, la clé toute entière tourne et voici la porte déverrouillée (ou verrouillée).

Le miracle se reproduit invariablement tant que l’on sait accorder la clé et la serrure.

La fleur donne le fruit

On pourrait imaginer un champ de fleurs. Chacune tirerait de l’existence unique d’une femme ou d’un homme sa couleur, sa forme, le nombre de ses pétales, la saveur de son nectar, le parfum qu’elle exhale, la saison de son épanouissement. Ces fleurs seraient uniques comme l’est le vécu de chaque individu disparu ; éternelles comme un symbole coloré et vivant de la mémoire.

À la vue de cette étendue de fleurs vibrantes, nous prendrions conscience de la multitude, de la diversité, des ressemblances, des dissemblances, de cette inépuisable richesse de formes offertes par la nature et qui réside profondément dans le cœur des Hommes. Nous nous sentirions enfin à notre place, un parmi tous, ce tous formant le un, le tout.


Je ne sais pas pourquoi m’est subitement venue cette idée de voir la vie de tout humain s’incarner dans le corps d’une fleur. C’est de prime abord, j’en conviens, peut-être un peu naïf mais, à y regarder de plus près, l’exercice s’avère riche de potentielles découvertes : quelle partie du corps, de l’esprit ou de l’âme représenteraient la dentelure des feuilles, la hauteur de la tige, la courbure des étamines, la densité de la gaine, l’envergure de la corolle, le diamètre du stigmate ou la finesse du style ?

Si l’expérience vous tente, imaginez-vous en fleur et vous vous rendrez compte que ce n’est ni simple ni anodin… et que l’on peut apprendre à se connaître grâce aux multiples biais de l’imagination.

Revoir Dijon

J’ai vécu à Dijon pendant près de vingt ans et j’en suis parti il y a presque huit ans. En si peu d’années, une ville peut changer ; c’est ce que j’ai constaté en déambulant aujourd’hui dans certaines zones de la ville. J’ai découvert des quartiers entiers en profonde mutation, des bâtiments modernisés, un parking aérien sorti de terre, un ancien hôpital totalement rasé, des sens de circulation modifiés, etc.
Pour autant, les axes restent les mêmes. Je ne me suis jamais senti déboussolé ou perdu. J’ai emprunté mes itinéraires familiers sans autre surprise qu’un décor par moment profondément bouleversé. La cité semble rajeunir, elle change de forme pour s’adapter à l’avenir que les hommes imaginent. C’est dans ces moments-là que la conscience de n’être que de passage prend forme et s’enracine dans la matière. La ville a toujours changé et sous le pas troublé des âmes vieillissantes, elle mène sa propre existence.
Surnommée la belle endormie dans les années 80-90, Dijon, désormais la métamorphosée (qualificatif qui n’a de sens que pour désigner un moment transitoire nécessitant la mémoire de ce qu’elle fut), reste, à mon insu, un important fil rouge de ma vie. J’y suis né, j’y ai grandi et malgré la distance, les liens restent tissés. Ils sont plus lâches, moins prégnants, parfois lourds mais nos deux histoires se confondent sur une bonne moitié de ma vie. Comment pourrais-je l’ignorer ?

Machinalement


C’est un peu entre deux eaux ou entre chien et loup, bref dans cet état de conscience flou que le geste automatique se dessine. Je ne parle pas du réflexe qui répond aux stimuli. J’évoque plutôt cette pensée profonde et vagabonde qui enraille la vue et tient le réel à l’écart, ce flottement général qui entraîne le machinal. C’est un geste qui s’inscrit en parallèle, hors de l’intentionnalité ; un mouvement qui surprend l’acteur qui l’accomplit, soudain conscient.

L’habitude induit le détachement. La lucidité rend à l’action toute son étrangeté.