Les instruments du hasard

Qu’on lance un dé, qu’on tire une carte, qu’on ouvre un livre à l’aveugle ou qu’on éventre un lapin ;
Qu’on scrute le vol des oiseaux, qu’on jette une pièce ou bien trois ;
Qu’on lise dans le fond de sa tasse, dans le creux de sa main ou au rythme d’un pendule ;
tout mène aux signes. L’intuition nous l’avons, pourtant, ces indices recherchés génèrent un faisceau de certitudes qui appuie l’orientation d’une idée, conforte l’intensité d’un ressenti, structure une décision ou provoque un passage à l’acte.
Tout est déjà là, certainement, en puissance, mais nous préférons à un moment propice au dévoilement, user de ces instruments que nous offre le hasard afin de mieux lire en nous.

Un texte sur le visage

Lire un texte sur le visage de quelqu’un, ce n’est pas facile car au cours de la lecture les expressions du visage changent et modifient le sens et le mouvement du texte.
Il faut savoir suivre chaque trait, chaque regard, le plissement des lèvres et celui des yeux ; il faut sentir les modulations du souffle ; s’imprégner tout entier dans cette figure qui nous inspire, onduler avec elle, suivre et générer la moindre de ses émotions.

Je pense aux clés

En ce moment, je pense beaucoup aux clés. C’est peut-être symptomatique de la période que je vis actuellement et qui est propice aux déblocages.
Mais de quoi est constituée une clef (j’aime cette double orthographe) ? D’apparence, elle est souvent d’un seul tenant. Cependant, lors de son usage, elle se divise distinctement en deux parties. La première disparaît dans la serrure tandis que la seconde reste serrée entre les doigts de l’utilisateur. Puis, par un habile mouvement du poignet, la clé toute entière tourne et voici la porte déverrouillée (ou verrouillée).

Le miracle se reproduit invariablement tant que l’on sait accorder la clé et la serrure.