De quoi se souvient-on vraiment ? Quand je regarde en arrière, plus ou moins loin dans le passé, il m’est très difficile de savoir ce dont je me souviens parfaitement. Des images, des mots, des faits restent accessibles et bien vivants. Mais il m’est impossible de revivre des séquences complètes de ma vie. Ce que j’entends par là, c’est une minute, une seule minute consécutive pendant laquelle chaque seconde s’égrène limpidement, aussi clairement que lorsque je l’ai vécue. La conscience claire et inaltérable des moments révolus semble tout à fait hors de portée. Je me demande alors sur quelle base, synthétique et subjective, est construite mon identité ; de quel réseau ténu de faits établis et reconnus est tissé mon être présent.