J’ai vécu à Dijon pendant près de vingt ans et j’en suis parti il y a presque huit ans. En si peu d’années, une ville peut changer ; c’est ce que j’ai constaté en déambulant aujourd’hui dans certaines zones de la ville. J’ai découvert des quartiers entiers en profonde mutation, des bâtiments modernisés, un parking aérien sorti de terre, un ancien hôpital totalement rasé, des sens de circulation modifiés, etc.
Pour autant, les axes restent les mêmes. Je ne me suis jamais senti déboussolé ou perdu. J’ai emprunté mes itinéraires familiers sans autre surprise qu’un décor par moment profondément bouleversé. La cité semble rajeunir, elle change de forme pour s’adapter à l’avenir que les hommes imaginent. C’est dans ces moments-là que la conscience de n’être que de passage prend forme et s’enracine dans la matière. La ville a toujours changé et sous le pas troublé des âmes vieillissantes, elle mène sa propre existence.
Surnommée la belle endormie dans les années 80-90, Dijon, désormais la métamorphosée (qualificatif qui n’a de sens que pour désigner un moment transitoire nécessitant la mémoire de ce qu’elle fut), reste, à mon insu, un important fil rouge de ma vie. J’y suis né, j’y ai grandi et malgré la distance, les liens restent tissés. Ils sont plus lâches, moins prégnants, parfois lourds mais nos deux histoires se confondent sur une bonne moitié de ma vie. Comment pourrais-je l’ignorer ?