On pourrait imaginer un champ de fleurs. Chacune tirerait de l’existence unique d’une femme ou d’un homme sa couleur, sa forme, le nombre de ses pétales, la saveur de son nectar, le parfum qu’elle exhale, la saison de son épanouissement. Ces fleurs seraient uniques comme l’est le vécu de chaque individu disparu ; éternelles comme un symbole coloré et vivant de la mémoire.
À la vue de cette étendue de fleurs vibrantes, nous prendrions conscience de la multitude, de la diversité, des ressemblances, des dissemblances, de cette inépuisable richesse de formes offertes par la nature et qui réside profondément dans le cœur des Hommes. Nous nous sentirions enfin à notre place, un parmi tous, ce tous formant le un, le tout.
Je ne sais pas pourquoi m’est subitement venue cette idée de voir la vie de tout humain s’incarner dans le corps d’une fleur. C’est de prime abord, j’en conviens, peut-être un peu naïf mais, à y regarder de plus près, l’exercice s’avère riche de potentielles découvertes : quelle partie du corps, de l’esprit ou de l’âme représenteraient la dentelure des feuilles, la hauteur de la tige, la courbure des étamines, la densité de la gaine, l’envergure de la corolle, le diamètre du stigmate ou la finesse du style ?
Si l’expérience vous tente, imaginez-vous en fleur et vous vous rendrez compte que ce n’est ni simple ni anodin… et que l’on peut apprendre à se connaître grâce aux multiples biais de l’imagination.