Il flotte une discrète odeur de fraise dans ce sous-bois couvert par le bois mort et le croassement glauque d’une corneille en vol. C’est un pays imaginaire de souches et de branchages secs, de fleurs solaires et violines, un tapis vert percé de toutes parts du marron de la terre, des écorces et du gris des spirales d’escargots, coquilles vides, accidents de vie animale dans cette mer végétale insensible au mouvement des marées.
C’est le printemps que l’on attend ici, avec ses brassées nouvelles de chaleur en lutte contre les derniers assauts du froid. Tous les oiseaux expriment ce réveil, chacun avec sa langue et son sens particulier de l’harmonie. C’est ce manteau tiède et enveloppant qui s’annonce, cette promesse de richesse et de renouveau dans le silence persistant de toute activité humaine.